Want to be a Muse

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Cher dieu qui n'existe pas... (hommage à ma mère)

Un lundi tout à fait normal: je rentre de cours, fait un peu de ménage et le téléphone sonne.

"Oui bonjour madame, excusez moi de vous déranger je suis madame truc muche et j'aimerais vous poser des questions sur dieu.
- Connais pas... Au revoir!"

 

Bon déjà elle avait pas compris que ça m'énerveuh quand on m'appelle Madame... Mais j'ai trouvé ça ahurissant qu'on m'appelle chez moi pour me poser des questions à propos d'un dieu qui n'existe pas dans mon esprit. Et me voilà à faire la vaisselle et à ruminer.

 

Non je ne crois pas en dieu, je ne crois pas vraiment au destin, je suis un peu fataliste et pense que si les choses arrivent c'est parce que c'est comme ça, c'est la faute à pas de chance!

Je n'ai qu'une preuve qu'il n'existe pas (bon à part le fait qu'on l'ai jamais vu celui là, sauf peut être Jeanne d'Arc qui l'a soit disant entendu...), une preuve très personnelle que je vais vous exposer.

C'est simple, si dieu existait, il n'aurait pas laissé ma mère se faire écraser par un camion... Certes je ne suis pas objective, mais je pense que s'il y a bien une personne qui ne méritait pas ça sur toutes celles qui vivent sur terre c'était bien elle!

Et là vous pensez que j'idéalise parce qu'elle est morte, mais non, ma mère était exceptionnelle, c'était la personne que j'admirais plus que tout au monde, parfaite, ma mère... de tout ceux qui la connaissaient je n'ai jamais entendu du mal sortir de leur bouche. Peut être parce que ça ne se fait pas de casser du sucre sur le dos des morts... Mais pourtant, je n'ai jamais vu autant de bouquets s'amasser autour d'une tombe. Une soixantaine de bouquets, de gerbes, et pots de fleurs en tout genre, débordant sur toutes les allées aux alentours. Tous ces gens qu'elle avait croisé tout au long de sa vie, qu'elle ne voyait pourtant pas beaucoup mais qu'elle avait marqué à sa façon et qui ont tenu à lui rendre hommage à travers ces couleurs éphémères qui fanent au fil du temps.

 

De toutes ces personnes je suis peut être une, si ce n'est la plus marquée par elle. D'abord parce que la moitié de mon ADN appartient au sien, ensuite parce que j'ai eu la chance de vivre 14 ans à ses côtés. Si dieu existait il ne m'aurait pas privé d'elle, ou alors il m'aurait pris à sa place. Mais on dit souvent qu'il n'y a rien de pire pour une mère que de perdre son enfant, donc ça aurait été injuste aussi. Mais de toute manière c'est injuste, pour l'ado qui a perdu sa mère beaucoup trop tôt et pour la mère, ma grand mère, qui a perdu sa fille de 40 ans beaucoup trop tôt. That's unfair and that's it!

 

Alors je tenais à écrire cet article à ce cher dieu qui n'existe pas et qui ne m'a pas empêché de perdre l'amour de ma vie.

 

Oui l'amour de ma vie. Ce sont des mots forts, mais ils sont accompagnés de moments encore plus forts. Ce n'est pas toujours drôle d'être fille unique, on joue toute seule et on s'invente des histoires pour passer le temps (oui c'est de là que vient cette capacité spielberg à me faire plein de films ^^), mais quand maman rentrait à la maison j'étais aux anges!

Pour commencer ma mère elle était belle. Classique me direz vous, quand on est petit on pense tous ça de sa mère. Non mais vraiment ma mère était belle. Elle avait un regard si particulier, des yeux verts perçant, un peu autoritaires (ça ce sont les sourcils en accent circonflexe dont j'ai hérité et que je n'échangerais pour rien au monde!) mais tellement doux et aimants à la fois. Une voie de maman comme on les aime, qui vous véhicule des messages typiques de maman : "Debout mon boudin atomique t'as cours de sport dans 45 minutes et faut que tu passes par la case épilation des jambes!" (à la cire bien sûr c'est beaucoup plus drôle avec la tête dans le pâté héhé poils aux pieds!)

 

Mais c'était plus qu'une mère conventionnelle. C'était ma partenaire de danse de fofolles sur de la techno dans le salon. C'est grâce à elle que je suis fan de Queen depuis que j'ai trois ans et que je voulais faire de la moto avant de faire du vélo, que j'aurais voulu être pilote de chasse pour devenir membre de la patrouille de France. Parce que c'était une casse cou, intrépide, qui ne recule devant rien. Reprendre ses études à 35 ans et devenir pilote, même pas peur! Parlant de la nouvelle moto de mon beau père : "Dis minou elle guidonne un peu ta moto. - Ah bon j'ai pas remarqué... - Oh mais c'est entre 130 et 150 seulement!! =D". En s'arrêtant devant une fontaine gelée : "Léa viens on va voir si la glace tient! -Maman c'est pas une bonne idée... - Ah mais moi je suis trop lourde je vais te soulever et te mettre dessus puis je te lâcherai doucement." Ça a pas loupé, j'ai fini avec de l'eau jusqu'aux genoux.

 

Elle avait son caractère. Une tête de mule bornée, nerveuse, et autoritaire. Et en même temps elle était si affectueuse. Pas chochotte, un peu garçon manqué, elle n'aimait pas trop trainer avec des filles, et était accro au sport (ça me faisait toujours rire quand je l'entendais crier quand elle regardait le rugby). Et pourtant quand elle se maquillait et mettait une robe c'était une femme fatale. Habile et intelligente, qui parlait bien anglais (tellement bien que les gens la prenaient pour anglaise quand elle parlait et qu'après elle ne comprenait rien quand eux lui parlaient...). Elle avait toujours des idées folles derrière la tête et des projets pour moi tous plus saugrenus les uns que les autres. Entre autres, elle me voyait danseuse au Crazy Horse ou aurait voulu me faire percer le nombril parce qu'elle estimait que le mien était beaucoup plus joli que le sien. Quand on allait au marché on s'achetait toujours du mélange japonais, et puis on mangeait tout dans la deuch. Haha la deuch, cette voiture qui a exactement 6 jours de plus que moi et qu'elle avait promis de me donner quand j'aurais 18 ans (alors que j'avais à peine 6 ans... mais mes 12 ans d'attente ont été récompensé :D). Elle voulait qu'on fasse le casting comptoir des cotonniers et tant d'autres choses. Elle ne s'arrêtait jamais, rien ne l'arrêtait, et elle avait encore le courage de m'entraîner dans tous ses projets.

 

Ma mère c'était un peu une super héroïne en quelque sorte. Charismatique, qui laissait quelque chose sur son passage et marquait les esprits à sa façon. Ceux qui l'ont connu retrouveront peut être un peu d'elle à travers ces mots, et ceux qui ne l'ont jamais connu, j'espère vous avoir convaincu que dieu n'existe pas!

 

 

 

La vie est injuste, je l'ai perdu trop tôt, mais je préfère largement ces 14 ans intenses vécus avec elle plutôt que d'avoir eu une autre mère... Même si je n'arrive pas à voir qu'on se ressemble, je retrouve certains aspect d'elle en moi... par moments. Après tout elle m'a élevée et si je suis comme ça maintenant c'est grâce à elle..

Dieu n'existe pas, il ne l'a pas sauvé... ET ALORS! C'est pas la fin du monde. J'ai été élevée à me battre, j'vais pas m'arrêter maintenant!

 

Merci Maman!

 

 



09/05/2011
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