Want to be a Muse

Want to be a Muse

"Non, je ne regrette rien"

A ma grand mère, qui s'est endormie paisiblement lundi...

 

Par où commencer, tout se bouscule dans ma tête. Il y a les choses que je voulais te demander, les choses que je voulais te dire, il y a ce que je ne te disais pas forcément et il y a tout ce qu'il n'y avait pas besoin de dire pour que tu comprennes.

 

Ce qui me vient en pensant à toi, c'est quand je te rendais visite. En arrivant dans l'entrée tu t'écriais : "Ah ma petite fille!"

- "Ah ma petite Mamie!"

Et là je te serrais dans mes bras, tes cheveux me chatouillaient le menton, ta tête passant tout juste sous la mienne. Car si j'étais ta petite fille, tu étais vraiment ma petite grand mère.

 

Cette petite personne qui m'a à moitié élevée.

Qui a été ma deuxième maman.

Qui cultivait sans doute les meilleures pommes de terre du monde ("Ce sont les pommes de terre de Commercy!!" - "C'est vrai que ça change tout Mamie! :)").

Qui s'était ramené un jean Diesel du marché pour jardiner.

Qui ne pouvait pas s'empêcher de dire ce qu'elle pense de manière totalement non diplomatique.

Qui ne voulait pas qu'on la prenne en photo car "Ah non, les personnes âgées il ne faut pas les prendre de trop près!" ou car "On dirait encore que j'ai eu une apparition...".

Qui "ne vivait pas pour manger, mais mangeait pour vivre".

Qui trouvait tout trop sucré ou trop salé, ou pas assez.

Qui trempait ses dattes dans de la crème fraiche épaisse parce que c'était trop sucré justement...

Qui faisait la meilleure purée au monde, et la meilleure soupe de potimarron, et le meilleur gratin de patates (de Commercy!), et les meilleures escalopes à la crème, et la meilleure soupe poireau-patates (de Commercy?!?).

Qui n'aimait pas les pâtes et le riz... mais les patates!

Qui partait en week end pour aller s'occuper de son potager.

Qui jurait à chaque fois qu'elle revenait du bridge qu'elle allait arrêter parce qu'elle était trop nulle de toute manière.

Qui nous emmenait au ski quand on était petit.

Qui nous faisait jeûner quand on était malade.

Qui m'avait offert ma game boy (que j'ai toujours... et qui fonctionne!).

Qui aimait ses petits enfants.

Qui nous réunissait.

Qui nous faisait rire.

Qui allait nous casser le balai sur le dos si elle revenait encore une fois et qu'on dormait pas.

Qui n'était pas Rotschild.

Qui me prenait dans ses bras quand je pleurais.

Qui avait toujours 30 paquets de mouchoirs à disposition, parce qu'on l'a toujours connue en train de se moucher sans arrêt.

Qui passait une éternité à la cave à faire ses comptes jusqu'à ce que ça tombe juste.

Qui perdait sans arrêt ses lunettes.

Qui avait sa façon bien à elle d'appeler les canards pour leur donner à manger.

Qui avait ce fameux garage dans lequel on pouvait faire des super fêtes.

Qui était obsessionnelle et qui n'en démordait pas quand elle avait un truc en tête.

Qui avait sa façon à elle de dire les choses.

Qui était pleine de bon sens.

Qui était toute petite... mais si forte!

Qui était en avance sur sa génération, qui était si jeune dans sa tête et en même temps qui faisait des trucs de grand mère.

Qui après ma mère, est la personne qui a le plus marqué ma vie. Qui m'a toujours soutenue quand j'en avais besoin, qui m'énervait quand je n'en avais pas besoin. 

 

Une tête, peut être comme toutes les femmes dans cette famille, un vrai personnage autour duquel nos vies tournaient, aimée de tous, qui nous aimait tous... Que je n'oublierai jamais, qui va me manquer terriblement alors que je commençais à peine à panser les blessures de la disparition de ma mère. Pour qui je me suis promis en l'embrassant une dernière fois que je me battrai jusqu'au bout, que je vivrai ma vie à fond, comme elle me l'a appris, qu'en fondant ma famille, je passerai cette petite chose indescriptible faite d'amour qu'elle nous a passé.

 

Si je pleure maintenant c'est sans doute parce que je n'étais pas prête à te voir partir, mais peut-on l'être vraiment un jour? Tu es partie, mais me dire que tu es enfin sereine, que tu as peut être retrouvé ceux qui te manquaient et que tu ne te feras plus de soucis, m'apaise. Il reste un peu de toi en chacun de nous, tout comme tu as emporté un petit morceau de chacun avec toi.

 

Je t'aime. Ta grande petite fille.

 




02/11/2011
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